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L'utilisation détournée des drones commerciaux dans les conflits actuels

Les drones, autrefois objets de loisirs et outils technologiques destinés à des usages professionnels pacifiques, trouvent désormais leur place dans les conflits contemporains. Leurs applications sur le champ de bataille, mais aussi dans des actions illicites en territoire civil, soulèvent des questions sur la régulation et la sécurité.



utilisation d'un drone par le hamas palestinien lors de l'attaque en israel 2023


Des champs de bataille à la guerre asymétrique


À mesure que la technologie évolue, les modes de guerre s'adaptent. La guerre asymétrique, où des forces inégales s'affrontent, a vu l'introduction de drones commerciaux comme un moyen d'équilibrer les forces en présence. Dans le conflit récent entre le Hamas et Israël, ces drones, disponibles pour le consommateur moyen, ont été ingénieusement modifiés pour des opérations militaires. Utilisés à la fois pour le largage d'explosifs sur des cibles stratégiques et pour neutraliser les systèmes de surveillance, ils ont démontré leur potentiel disruptif.


Cette stratégie s'appuie sur l'effet de surprise et la rapidité de déploiement de ces engins. Sans l'infrastructure ou les ressources d'une armée conventionnelle, des groupes comme le Hamas peuvent ainsi créer un impact disproportionné à moindre coût.


Neutralisation des Défenses


Le Hamas semble avoir cartographié avec précision les emplacements clés des systèmes de surveillance israéliens. Le déploiement de drones pour neutraliser ces systèmes a été crucial pour permettre à leurs forces terrestres de progresser sans être détectées.


Drones Kamikazes et Antichars


L'utilisation de drones "kamikazes", tels que l'Al-Zawari, pour viser des cibles spécifiques montre une évolution de l'utilisation traditionnelle des drones pour la reconnaissance. Ces drones sont conçus pour voler près du sol, rendant leur détection plus difficile par des systèmes comme le Dôme de Fer d'Israël.



Un drone palestinien utilisé contre un char israélien en octobre 2023 (source X)


De plus, des images montrent des drones hexacoptères plus grands lâchant des munitions sur des équipements lourds, tels que les chars Merkava d'Israël. Ces chars, conçus pour contrer des menaces plus traditionnelles comme les RPG, pourraient ne pas être aussi préparés pour ce type d'attaque.


Mais la Méditerranée n'est pas la seule région témoin de cette évolution. En Ukraine, le conflit qui perdure entre les forces ukrainiennes et russes utilise des techniques similaires. L'espionnage aérien, par exemple, était autrefois l'apanage des nations possédant une technologie avancée. Aujourd'hui, avec un drone commercial, une faction peut recueillir des informations cruciales sur les mouvements et les positions de l'ennemi. De plus, ces drones peuvent être équipés d'armements improvisés, rendant chaque appareil, même le plus petit, une menace potentielle pour des installations ou des troupes au sol.



Utilisation d'un drone de nuit lors de la guerre entre l'Ukraine et la Russie en 2023 (source X)



Cette utilisation des drones dans la guerre asymétrique révèle une tendance croissante à repenser les tactiques de combat, où la technologie disponible sur le marché peut être détournée pour des opérations qui, autrefois, nécessitaient des ressources bien plus conséquentes. La guerre moderne n'est plus seulement l'affaire des grandes puissances; avec des outils comme les drones, des acteurs non étatiques peuvent désormais se faire une place sur l'échiquier international.


Un détournement inquiétant en territoire français


L'utilisation de drones ne se limite pas aux champs de bataille ou aux zones de conflits armés. Ces appareils, initialement conçus pour des loisirs ou des usages professionnels légitimes, trouvent leur chemin dans des contextes civils, avec des intentions bien moins innocentes.


En France, par exemple, l'usage détourné des drones ne se cantonne pas aux manifestations ou aux grands événements, où leur présence pourrait poser des questions de sécurité ou de vie privée. Les autorités sont de plus en plus confrontées à des incidents impliquant des drones utilisés pour des activités criminelles. Parmi ces incidents, le largage illégal de stupéfiants dans des centres pénitentiaires est particulièrement préoccupant. Cela démontre la capacité des groupes criminels à s'adapter et à tirer profit des technologies émergentes pour contourner les mesures de sécurité existantes.



Reportage TF1 sur l'utilisation des drones pour le largage de stupéfiant (source X)


Les prisons, malgré leurs hauts murs et leurs multiples barrières de sécurité, sont désormais vulnérables à ces aéronefs de petite taille, silencieux et rapides. Une simple recherche sur Internet permet d'accéder à des tutoriels pour modifier et améliorer la capacité de charge de ces drones, les transformant en de véritables petits avions cargo pour le trafic de marchandises illégales.


De plus, la France, avec ses vastes zones urbaines et rurales, offre de nombreuses opportunités pour ces activités illégales. Les autorités se trouvent dans une course contre la montre pour mettre en place des mesures de détection et de neutralisation adaptées.


Ce détournement de l'utilisation des drones sur le territoire civil souligne l'urgence de renforcer la réglementation autour de ces appareils. Alors que la technologie continue de progresser, les méthodes de détournement deviendront probablement plus sophistiquées, mettant les responsables de la sécurité face à des défis sans cesse renouvelés.


La nécessité d'une régulation accrue


Face à l'ampleur prise par l'utilisation détournée des drones, il est devenu impératif pour les nations de repenser leurs réglementations. Une analyse approfondie des images fournies, que ce soit issues de conflits armés ou de vidéos de propagande, montre une tendance notable: bon nombre de ces drones utilisés à des fins malveillantes sont de la marque DJI. Bien que cette entreprise produise des drones principalement pour des utilisateurs civils et professionnels, le détournement de ces appareils pour des fins militaires ou criminelles montre la nécessité d'une vigilance accrue.


Cela pose la question des responsabilités des fabricants et des législateurs. Doivent-ils imposer des restrictions sur la vente de ces appareils? Ou bien est-ce aux autorités réglementaires de mettre en place des mesures de contrôle plus strictes pour prévenir leur usage illégitime?



pilote de drone en cours de formation chez drone process

Il est regrettable de constater que la mise à jour prévue de la réglementation européenne concernant les drones semble aller à l'encontre de cette nécessité de contrôle accru. Les premières ébauches montrent une volonté d'assouplir certaines règles. Une telle démarche semble déconnectée de la réalité du terrain et laisse à penser que les rédacteurs de ces textes réglementaires n'ont peut-être pas pleinement conscience des enjeux liés à l'utilisation malveillante des drones.


La réglementation devrait, au contraire, viser à une meilleure traçabilité des appareils, à la mise en place de dispositifs de détection et de neutralisation plus efficaces, ainsi qu'à une sensibilisation accrue du grand public aux risques liés à l'utilisation détournée des drones.


Il est urgent que l'Europe reconsidère sa position et élabore des réglementations qui reflètent les défis sécuritaires posés par ces appareils. Les conséquences d'une régulation inadaptée pourraient être désastreuses, non seulement pour la sécurité des citoyens, mais aussi pour l'avenir de l'industrie du drone en elle-même.


Si les contrôles et la législation peuvent sembler être des freins temporaires face à des utilisations malveillantes, ils constituent néanmoins des outils essentiels pour endiguer cette montée. En effet, la seule réglementation, bien qu'indispensable, ne suffit pas. Elle doit être couplée à une éducation adéquate et à une formation robuste pour tous les utilisateurs potentiels de drones.


La France, avec son héritage d'innovation technologique et son engagement envers la sécurité de ses citoyens, a la responsabilité de ne pas laisser son territoire devenir un foyer d'activités illégales liées aux drones. La réglementation, l'éducation et la formation doivent aller de pair pour garantir que l'essor des drones se fasse dans le respect des lois, tout en exploitant leur potentiel pour le bien commun.


A l’avenir…


L'ascension rapide des drones, initialement conçus pour des applications civiles et récréatives, a ouvert la voie à des usages diversifiés, aussi bien bénéfiques que malveillants. Des champs de bataille aux prisons françaises, en passant par des conflits asymétriques, les drones représentent une nouvelle ère dans les stratégies d'attaques et de contre-attaques. Bien que leur potentiel pour améliorer de nombreux aspects de notre vie soit incontestable, il est également évident que leur détournement présente des risques sérieux pour la sécurité et la paix. L'utilisation de drones de marques reconnues, telles que DJI, dans des actions militaires ou criminelles montre l'urgence de repenser notre approche en matière de réglementation.


La réponse à cette évolution rapide ne peut être une régulation hâtive et moins stricte. L'Europe et d'autres régions du monde doivent reconnaître la réalité du terrain et élaborer des politiques adaptées, équilibrées et préventives. Il est essentiel d'allier innovation technologique et sécurité, de promouvoir l'éducation et la sensibilisation, et de mettre en place des systèmes de traçabilité et de contrôle robustes.


En fin de compte, l'avenir des drones dépendra de la manière dont nous, en tant que société, répondrons à ces défis. En mettant l'accent sur la sécurité, la responsabilité et la régulation judicieuse, nous pouvons assurer que les drones continuent d'apporter des avantages tout en minimisant les risques qu'ils posent.


B.A pour Drone Process


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